CONTRIBUTION A L'IDENTIFICATION DES ESPECES DES POISSONS LARVIVORES POUR LA LUTTE BIOLOGIQUE CONTRE LES MOUSTIQUES AUX ENVIRONS DES ETANGS PISCICOLES EN R.D. CONGO (suite)

Publié le par KHASIRIKANI MBAKWIRAVYO

DISCUSSION


En examinant le contenu macroscopique du tube digestif des poissons constituants notre échantillon nous  avons constaté que ces animaux n’ont pas un régime spécifique.

Les restes des os de poissons, les coquilles des mollusques rencontrés dans le tube digestif de Protopterus aethiopicus et de Protopterus dolloi montre que ces espèces sont ichtyophages et malacophages. DAMAS cité par HULOT (1950) aurait aussi trouvé dans l’estomac de Protopterus aethiopicus des jeunes Clarias. Ce régime carnivore se confirme aussi par la longueur du tube digestif qui est à peu près égale à celle du corps.

Dans le tube digestif de Mormyrus kannume nous avons retrouvé de grandes quantités de débris d’insectes à l’état larvaire et adulte. Ce régime essentiellement entomophage a été déjà observé par WORTHINGTON cité par HULOT (1950). D’après cet auteur le Mormyrus kannume pourrait être d’un grand intérêt en pisciculture à condition de disposer des étangs à fond bien colonisé par des larves d’insectes. Cette espèce larvivore pourrait alors être utile dans la lutte biologique contre la prolifération des moustiques autour des étangs piscicoles comme le Gambusia affinis qui a donné des résultats très encourageants dans la riziculture aux Etats-Unis (ARRAUDEAU, 1998). Elle peut être élevé en association avec le tilapia car il n’est pas ichthyophage.

En ce qui concerne le Labeo forskalii, le Tilapia nilotica et le Tilapia leucosticta le tube digestif des spécimens étudiés contenait toujours une bouillie verdâtre dont les constituants macroscopiques restaient méconnaissables sans doute par manque de matériel approprié et d’un laboratoire spécialisé. ORIGINAL cité par HULOT (1950) a rencontré de la vase dans l’intestin de Tilapia nilotica et du Tilapia leucosticta. La coloration noire verdâtre de la bouillie recueillie dans le tube digestif de ces deux espèces de Tilapia peut être due au fait que ces poissons se nourrissent des végétaux aquatiques comme le Ceraphyllum et la coloration noire aurait comme cause l’ingestion de la vase.

 De restes de poissons, des insectes et des végétaux ont été trouvé dans l’estomac de Bagrus docmac comme dans celui de Chysichtys branchynema. A plusieurs reprises DAMAS cité par HULOT (1950), a vu des Haplochromis et des Tilapia dans leur volumineux estomac. WORTHNGTON cité par HULOT, avait aussi signalé des débris des poissons et d’insectes dans le contenu stomacal de ces poissons.

Nous avons remarqué lors de l’analyse du contenu stomacal des spécimens que l’espèce Clarias lazera se nourrit d’insectes, des plantes aquatiques, des poissons, des mollusques et des larves d’insectes. Cet aspect est également confirmé par les travaux de DAMAS et WORTHINGTON cités par HULOT (1950). Ces chercheurs auraient trouvé dans l’estomac de cette espèce des poissons de petite taille appartenant aux genres Haplochromis et Tilapia ainsi que des larves d’Odonates et des débris végétaux.

L’analyse du contenu stomacal de Haplochromis guillarti a montré que cette espèce est ichthyophage.

Barbus altianalis, avec des restes d’ossements dans son intestin est ichthyophage mais il se nourrit aussi des végétaux, de la vase, des annélides et des larves des insectes. Avec ce régime, il ne peut pas, comme l’Haplochromis guillarti, être élevé en association avec le tilapia.

Pour certains poissons disséqués le tube digestif était vide. Nous pensons qu’ils étaient capturés avant de manger ou avaient déjà duré longtemps dans le filet.

 

CONCLUSION

 

Au cours de nos investigations, nous avons étudié les régimes alimentaires de onze espèces des poissons du lac EDOUARD dans le souci d’en trouver celles qui peuvent être utilisées à la fois dans la lutte biologique contre les larves de moustiques et dans la pisciculture de sorte les étangs ne cessent de constituer un danger permanent pour la santé des populations dans les pays en voie de développement.

L’analyse des contenus stomacaux révèle une grande plasticité du régime alimentaire de ces poissons. Presque toutes les espèces étudiées sont omnivores avec une prédilection pour tel ou tel autre régime.

De toutes les espèces constituant l’objet de notre étude, le Mormyrus kannume est larvivore et entomophage par excellence. Elle peut être élevée en association avec le Tilapia macrochir, le Tilapia melanopleura et le Tilapia randali. Il n’y aura pas de concurrence et cette espèce ne se nourrira pas du tilapia avec qui elle partage le même biotope. Elle ne détruira que les larves des moustiques et en rompre ainsi le cycle biologique. Les étangs piscicoles ne seront plus un réservoir des moustiques et un danger pour la santé humaine.

D’autres espèces larvivores existent de part le monde, il est question aux chercheurs de les identifier, d’en étudier l’écologie pour la pisciculture contribue à l’éradication de la carence protéinique dans les pays en voie de développement en général et de l’Afrique au Sud du Sahara en particulier.

  

BIBLIOGRAPHIE

1. ANONYME, 1978, Guide pratique de l’agronome, Minagri, Kigali, pp 59-79

2. ANONYME, 2000, L’avenir de l’environnement mondial, PNUE de Boeck Université, Bruxelles, pp 52-72

3. ANONYME, 2004, The Merck Manual of Medical information, second home edition, Pocket books, New York, pp 1031-1034

4. ARRAUDEAU M. 1998, Le Riz irrigué, Maisonneuve et Larose, Paris, pp 372-373

5. HUET M., 1957, Dix années de Pisciculture au Congo-Belge et au Rwanda- Urundi, Bruxelles, 109 pages

6. HULOT A., 1950, Le régime alimentaire des poissons du centre africain. Intérêt éventuel des ces poissons en vue d’une zootechnie économique in Bulletin agricole du Congo belge, vol. XLI no 1, pp. 145-176

7. HULOT A, 1956, Aperçu sur la question de la pêche individuelle au lac Kivu, Edouard et Albert, in Bulletin agricole du Congo Belge, vol. XLVII no 4, pp 1-68

8. KYAMAKYA K., 1999, Préambule à la problématique de la pisciculture dans la zone de santé rurale de Musienene et ses environs, in colloque sur la pisciculture et la santé humaine, U.C.G. pp. 16-21

9. LEVEQUE 1997, Les poissons d’eau douce et saumâtre de l’Afrique de l’Ouest Africain, Tome 1, ORSTOM, Paris, pp 56-211

10. LEVEQUE 1997, Les poissons d’eau douce et saumâtre de l’Afrique de l’Ouest Africain, Tome 2, ORSTOM, Paris, pp 98-269

11. MUGHANDA M., 1992, Etat actuel de l’exploitation des pêcheries zaïroises du lac Edouard / Idi Amin vers la destruction des populations piscicoles, FAO, PNUD, Bujumbura, 33 pages

12. OWEN O.S., 1980, Natural Resource Conservation, An Ecological Approach, 3rd edition, Macmillan, Publishing Co. Inc., New York, pp 786-788

13. POLL M., 1957, Les genres des Poissons d’eau douce de l’Afrique, Tervuren, Bruxelles, 149 pages

 

SUMMARY

This work realised at Kamandi in the Democratic Republic of Congo is a contibution to the research of larvivorus fish species which can be associated to the tilapia farming in order to avoid the dwelling of mosquitoes in the ponds.

Thus, the food diet of eleven species has been studied through the analysis of the stomacal contents. All those species are omnivorous with a predilection for some foods. The omnivorus entomophageous are represented by Mormyrus kannume and Barbus altianalis. As Mormyrus kannume is entomophageous and not ichthyophageous, it can be used for struggling against the mosquitoes by consuming their larvae. The biological struggle of these fish will then resolve one of the major health problems, malaria, in the under developed countries.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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